Après Gabriel Amard et Jean-Luc Mélenchon, le Maire EELV de Lyon, Gregory Doucé, affirme-lui aussi que le tunnel du Lyon-Turin va vider l’eau des Alpes. Vraiment ?
Historique
Le naufrage des polémiques, des alternatives loufoques et des conflits d’intérêts des opposants au Lyon-Turin
Depuis qu’il a appris lors de l’enquête publique en 2012 que les accès au Lyon-Turin ne passeraient pas par la commune des Marches mais à proximité de sa résidence aux Molettes, qu’il ne pourrait plus profiter, comme il l’indique dans son recours en 2015, du rayonnement d’une gare internationale à Montmélian, celle-ci étant désormais prévue à Chambéry, l’auto-proclamé lanceur d’alerte Daniel Ibanez ne cesse d’enchainer les polémiques et les alternatives loufoques. Entre autres :
- Le projet délirant de wagons motorisés autonomes montés sur vérin (1) pour pouvoir passer dans les tunnels de la ligne historique. Le rédacteur de ce projet avait été invité en 2012 par Jean-Charles KOHLHAS, le responsable des élus EELV de la Région comme le garant technique de leur Convention sur les Traversés Alpines qui s’était soldé par un virage à 180° contre le Lyon-Turin.
- Un soi-disant mauvais bilan carbone du projet Lyon-Turin en s’appuyant sur une étude anonyme publiée sur le site de la Cour des Compte Européenne. Il s’est ensuite avéré que l’auteur était un des dirigeants de l’Union Routière de France. A noter également, que celui-ci avait lourdement soutenu le projet de wagons motorisés montés sur vérins avec près de 500 000 euros de subventions.
- Un énième dénigrement des défenseurs du Lyon-Turin en associant le projet au 3° Reich.
2022 : nouvelle polémique : le Lyon-Turin va vider l’eau des Alpes
Toutes ces polémiques ayant fait « pschitt », en 2022, une nouvelle polémique a été mis sur le devant de la scène avec Gabriel AMARD, le neveu de Jean-Luc Mélenchon parachuté député à Villeurbanne :
- Le projet du Lyon-Turin allait désormais vider l’eau des Alpes et représentait donc un « écocide sans précédent ».
Pour « sauver » les Alpes, Gabriel AMARD promettait alors la création d’une commission parlementaire sur le Lyon Turin, ardemment relayé par Daniel Ibanez.
La polémique sur l’eau : un nouveau naufrage
Dimanche dernier, au « salon » instrumentalisé des lanceurs d’alertes de Daniel Ibanez, Gabriel AMARD est intervenu sur le projet Lyon-Turin pour justifier son opposition avec une hydrogéologue élue à Modane, spécialiste en eau potable, en assainissement et en toilette sèche.
Elle a indiqué s’être renseigné sur Internet sur les conséquences des creusements des tunnels français. Démagogiquement, elle a indiqué que le drainage des eaux dans la montagne par le Lyon-Turin représentait la quantité d’eau potable consommée par les Lyonnais.
Elle n’a évidemment pas indiqué que cela ne représentait à peine 1% du débit de la rivière Arc qui s’écoule le long de la vallée de la Maurienne, donc vraiment pas de quoi vider l’eau des Alpes.
Pas un mot également sur la géologie des roches qui surplombent la ligne historique à Brison, à proximité immédiate du puit qui alimente les 35 000 aixois.
Pourquoi cette haine de EELV et de LFI contre le Lyon-Turin et la complaisance sur le Canal Seine Nord ?
LFI et EELV se gardent bien de faire une comparaison avec le canal Seine Nord, projet destiné à favoriser l’importation des produits asiatiques par les ports du Nord de l’Europe, dont la construction a commencé le mois dernier.
Pourtant, avec l’eau drainée par le tunnel du Lyon-Turin, il faudrait au minimum 4 ans pour remplir ce méga canal de plus de 5 milliards d’euros, et cela ne suffirait pas à le maintenir à niveau lors des sécheresses.
Rappelons que l’eau drainée par le Lyon-Turin est déversée dans la rivière Arc et irrigue les territoires jusqu’à la méditerranée, alors que pour le remplissage et le maintien à niveau du Canal Seine Nord, l’eau est prélevée dans les rivières.
Le mépris de Gabriel AMARD pour la République
Ce jeudi 24 novembre, alors que la France Insoumise avait la maitrise totale de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, aucun de ses députés n’a le moins du monde évoqué « l’écocide sans précédent » du Lyon-Turin d’après Gabriel AMARD, « toute l’eau qui est dans les Alpes descend dans le trou qu’on creuse », et que « on est en train de vider le contenu d’eau des Alpes » d’après Jean-Luc MELENCHON.
Au « salon » de Daniel Ibanez, Gabriel AMARD a indiqué les yeux dans les yeux de son auditoire que la France Insoumise ne retiendrait pas la demande d’une Commission d’Enquête Parlementaire sur le Lyon-Turin, au motif que sur le chantier, « rien ne se passait », qu’il l’avait constaté lors de sa visite du chantier le 10 octobre dernier.
Pourtant, lors de sa visite, il a bien dû constater que le millier de personnes qui travaillent quotidiennement sur le projet ne sont pas des hologrammes. On notera l’absence sidérante de réaction de l’élue hydrogéologue de Modane, de Daniel Ibanez, de Jean-François COULOMME et des deux responsables de Vivre et Réagir en Maurienne présents dans la salle.
A la place, Gabriel AMARD a dit qu’il fallait bloquer physiquement l’arrivée des tunneliers au printemps. Est-cela sa vision de la république française ?
On n’est pas dupe. La stratégie de la France Insoumise et d’EELV n’est pas d’arrêter la réalisation du tunnel de base du Lyon-Turin, mais d’entretenir la polémique politicienne et aider les hauts fonctionnaires parisiens des Ponts et Chaussées à bloquer le lancement des accès pour saboter le report massif des poids-lourds sur le rail dans les Alpes.
Le maire de Lyon prend le relais de Jean-Luc Mélenchon et de Gabriel Amard
Le 27 octobre dernier, c’est Gregory Doucet, le maire de Lyon qui a pris le relais dans la lettre Prospective AURA-PACA en affirmant lui aussi :
« Si vous percez un tunnel, toute l'eau est aspirée. Ce sont des centaines de millions de mètres cubes qui partent dans les percements qui ont déjà été effectués et vous asséchez les ressources en eau. ».
L’exemple Suisse occulté
On avait pourtant demandé cet été, que les élus et les associations s’intéressant au Lyon-Turin aillent s’informer en Suisse ou en Autriche des conséquences de la réalisation des tunnels ferroviaires du Gothard (57 km), du Lotsberg (35km), du Ceneri (15 km) et du Brenner (57km).
Cela n’a pas été le cas pour Grégory Doucet, le mois dernier, il a eu assez de temps pour aller plusieurs jours à Marseille et à Barcelone, mais pas en Suisse ou en Autriche pour s’informer si la réalisation de leurs tunnels ferroviaires avait vidé l’eau des Alpes Suisses et Autrichiennes et avait dévastée les vallées.
On ne s’étonne pas non plus que les affirmations délirantes du Maire de Lyon ne soient pas relayées par le vice-président aux transports de Lyon, démissionnaire du comité de la Transalpine quelques semaines auparavant, Jean-Charles Kohlhaas.
Le silence assourdissant de Jean-Charles KOHLHAS et de Pierre Meriaux sur leur visite du Lyon-Turin Suisse.
En septembre 2014, plusieurs élus de la Région Rhône-Alpes avait été invités par l’association environnementale suisse « Initiative des Alpes » à une présentation de la politique suisse de transfert de la route au rail. Rappelons que celle-ci est donnée unanimement comme l’exemple à suivre, qu’elle a pour objectif de diviser par deux le trafic poids-lourds dans les vallées suisses et de faciliter les déplacements de voyageurs par le train.
https://www.alpeninitiative.ch/fr/
Durant ces deux jours, les élus et les association environnementales Suisses avaient présenté :
- Leur politique fiscal avec la Redevance Poids-Lourds et le projet de Bourse du Transit Alpin
- Leur politique de contrôle des poids-lourds avec le plus grand centre européen
- Leur politique de diminution de la pollution
- La présentation et la visite du site de construction du tunnel de base du Gothard, le plus long du monde avec ses 57 kilomètres.
A en voir les visages radieux sur la photo commémorative à l’entrée du tunnel, aucun des élus français, ni même Jean-Charles Kohlhaas et Pierre Meriaux, n’ont vu la vallée suisse asséchée et dévastée par le tunnel.
Ne doutons pas que si cela avait le cas, ces deux élus à l’origine en 2012 du virage à 180° d’EELV sur le Lyon-Turin ne se seraient pas gênés pour décrire les conséquences cataclysmiques que nous prédisent aujourd’hui les élus EELV et LFI pour la Maurienne.
Les meilleurs amis des transporteurs routiers ?
A leur retour :
- Pas un mot sur le nécessité d’un contrôle accru des poids-lourds pour diminuer la pollution et le dumping social
- Pas un mot sur la nécessité d’une fiscalité écologique au bénéfice du rail. Au contraire, Pierre Meriaux, membre du Conseil d’Administration du tunnel routier du Fréjus, ne s’offusquera du versement des bénéfices du tunnel routier du Mont-Blanc vers celui du Fréjus qu’en 2015 lorsque les députés Destot et Bouvard préconiseront de les rediriger vers le Lyon-Turin
- Malgré son naufrage aux élections municipales (15° sur 16), le choix de Daniel Ibanez et Alexandra Cusey, qu’on n’a jamais vu à une réunion sur les TER (principale compétence de la Région avec les Lycées) mais opposés à tout prix au Lyon-Turin, comme tête de liste en Savoie aux élections régionales, puis, malgré ce nouvel échec, nomination ensuite au Conseil d’Administration de la Commission Transport d’EELV France.
- Signature par un courrier commun de Daniel Ibanez avec le principal syndicat patronal des transporteurs routiers, pour faire croire qu’ils ne prennent pas le train à cause de la SNCF
- Combat comme les syndicats routiers contre toute mise en place d’une fiscalité écologique sur le transport routier à l’inverse de la majeure partie des pays européens.
- Combat contre la plateforme de chargement des poids-lourds prévue à Grenay au plus près des centres logistiques et industriels lyonnais et promotion à place pour une plateforme au centre d’Ambérieu alors que 92% des usagers lyonnais de l’autoroute ferroviaire avaient indiqué qu’ils n’iraient pas charger leur poids-lourds à Leyment à l’ouest d’Ambérieu.
Et ils voudraient nous faire croire qu’ils sont pour un report immédiat des poids-lourds sur le rail en Savoie ?