Pour un report de la fermeture du tunnel routier du Mont-Blanc tant que la ligne ferroviaire entre la France et l’Italie sera coupée
Le déroulé de cette semaine nous a stupéfait, et nous inquiète beaucoup pour les semaines à venir pour la Savoie et en particulier pour les riverains et les usagers de la VRU de Chambéry et de l’A43 en Maurienne
Pour rappel,
- Le tunnel routier du Mont-Blanc devait être fermé du 4 septembre (après l’ultra-trail du Mont-Blanc) au 18 décembre (au début des vacances d’hiver) pour un chantier-test de rénovation de la voûte. Cette fermeture était la première d’une longue série qui doit durer 18 ans, à raison de 3 mois chaque année.
- En raison de l’éboulement en Maurienne le 27 aout coupant toutes les voies de circulation au-dessous de Modane (A43, D1006 et voie ferrée), la société de l’Autoroute et du Tunnel du Mont-Blanc présidée par Christophe Castaner avait annoncé le 1° septembre la suspension de la fermeture du tunnel routier.
- https://www.atmb.com/press_release/tunnel-du-mont-blanc/
- En visite en Maurienne le 7 septembre, Le ministre Clément Baune avait annoncé la réouverture de l’A43 pour le lendemain et la fermeture de la voie ferrée pendant encore au moins deux mois. Il avait annoncé un planning plus précis d’ici fin septembre.
- Le 11 septembre, 3 jours après la réouverture de l’A43 en Maurienne, l’ATMB a annoncé la fermeture du tunnel routier du Mont-Blanc juste la nuit de 22H à 6H à partir du 18 septembre, pour des « travaux de maintenance sont prévus dans l’ouvrage, dont le remplacement de 76 accélérateurs sur la voûte, mais seront menés de nuit uniquement »
Ce mercredi 28 septembre, l’ATMB s’est bien gardé d’attendre la publication du planning annoncé pour fin septembre de la réouverture de la voie ferrée entre la France et l’Italie.
Ce 28 septembre, l’ATMB a annoncé la fermeture totale du tunnel routier du Mont-Blanc pour 9 semaines du 16 octobre au 18 décembre, pour, non plus le chantier test de la rénovation de la voute, mais pour la mise en place des accélérateurs dont elle avait annoncé 15 jours auparavant le remplacement durant les fermetures de nuit.
Deux jours après, le vendredi 30 septembre, conformément aux engagements du ministre des Transports, le préfet de Savoie a annoncé le planning de réouverture de la ligne ferroviaire qui dessert Modane et l’Italie « Il ne sera pas rétabli avant une petite année »
Pour nous, c’est inacceptable, la fermeture du tunnel routier du Mont-Blanc n’aurait dû intervenir qu’après la réouverture de la voie ferrée entre la France et l’Italie.
C’est mépriser les habitants de la Savoie, en particulier les riverains et les usagers de la VRU de Chambéry et de l’A43 en Maurienne
On supporte en « temps normal » jusqu’à 3000 poids-lourds les jours de pointe vers l'Italie.
La fermeture de la voie ferrée entre la France et l’Italie va reporter du rail (35 trains en jour de pointe) sur la VRU et l’A43 environ un millier de poids-lourds par jour
Et pour couronner le tout, la fermeture du Mont-Blanc va renvoyer sur Chambéry et la Maurienne jusqu’à 2500 poids-lourds par jour.
L’ignobilité des opposants à tout prix au Lyon-Turin
- On ne s’étonne pas de la fermeture coute que coute du tunnel routier du Mont-Blanc.
La présidente d’Inspire Chamonix et de FNE74 l’exigeait sur les réseaux sociaux dès le 31 aout quelques minutes après que les ministres des transports Français et Italien aient annoncé que le tunnel du Mont-Blanc ne fermerait pas le 4 septembre comme prévu.
Pour elle, un report « de quelques jours ce serait compréhensible. Un an ce serait jouer avec la sécurité des usagers du tunnel » car « un rapport d’audit de 2013 avait déjà constaté "la dégradation continue de la voûte et de la dalle ». Elle oubliait évidemment de préciser que de toute façon la durée des travaux était prévue sur 18 ans avec 3 mois de fermeture chaque année.
On n’est pas dupe, l’important pour elle n’est pas l’utilisation de la voie ferrée, mais l’envoi d’un signal fort aux transporteurs routiers que l’itinéraire par le Mont-Blanc n’a pas d’avenir et que les organisations logistiques doivent désormais privilégier le passage par la Savoie.
On ne sous-estime pas également son pouvoir d’influence, elle a été élevée en 2016, Chevallier de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre du Mérite en 2021, membre du CA du FDPITMA qui a servi à financer le doublement du tunnel routier du Fréjus, et invitée par Elisabeth Borne avec Daniel Ibanez au plan de relance du fret ferroviaire ! »
- Mercredi 27 septembre, à l’Assemblée Nationale, le seul souci de Gabriel Amard, député LFI est de demander au Président de SNCF Réseau les « bilans des résultats économiques et sociaux des travaux ferroviaires du tunnel du Montcenis et du sillon Alpin » mais en aucun la date de réouverture de cette ligne existante Lyon-Turin. Manifestement, l’utilisation de la ligne existante ne l’intéresse pas.
Et bizarrement, LFI ne demande jamais le bilan sociaux-économiques des travaux autoroutiers et ne soutient pas vraiment la ponction des bénéfices extravagants des sociétés d’autoroutes voulue par le ministre des Transports.
https://twitter.com/gabrielamard/status/1706952122917400671
- Le 20 septembre, à l’Assemblée nationale, une autre députée LFI demandait à nouveau l’abandon du Lyon-Turin et déclarait « vouloir préciser qu’il y a déjà une voie ferrée qui relie Lyon à Turin » ! sans indiquer que cette voie était fermée pour plusieurs mois.
https://twitter.com/FerrerSylvie11/status/1704518277668466845
- Jeudi 28 septembre, quelques heures avant l’annonce officielle du prolongement de la fermeture de la ligne pour une « petite année », les opposants publient un communiqué demandant à nouveau l’abandon du Lyon-Turin et exigeant l’utilisation de la ligne existante, sans indiquer qu’elle est coupée depuis le 27 aout.
A nouveau dans ce communiqué, il fustige un « bilan carbone épouvantable » du Lyon-Turin grâce au document publié anonymement sur le site de la Cour des Comptes Européennes, et rédigé comme ils le savent très bien par Yves Crozet, un des dirigeants de l’Union Routière de France.
Sur les réseaux sociaux, ils essaient de « greenwasher » l’Union Routière de France, en affirmant que c’est juste un bureau d’étude. Ils oublient de préciser le nom de son fondateur, Christian Gérandeau et des exploits de ce « Bureau d’Etude » qui avait permis de « démontrer scientifiquement », entre autres, que le projet de Tramway sur les Maréchaux de Bertrand Delanoë allait augmenter la pollution.
https://www.climato-realistes.fr/categorie/articles-par-auteur/francophone/gerondeau/