Réponse à la sollicitation d'un collectif pour cosigner un courrier rédigé la semaine dernière par une demi-douzaine d'associations Rhônalpines à l'attention de Madame Royale, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie .
Nous avons entendu votre souhait d'action «coordonnée et unanime entre toutes les vallées alpines». Nous sommes effectivement en cohésion depuis des années «pour la mise en concession de l’Autoroute Ferroviaire Alpine (AFA) et son exploitation en phase opérationnelle, avec des trafics décuplés».
Ce qui retient notre attention et nous surprend, c'est le faux espoir que vous donnez aux habitants des Savoies en indiquant un report possible, annuellement et immédiatement, de 300 000 poids-lourds, basé uniquement sur les dires de M. GAYSSOT et M. RAFFARIN datant du début des années 2000.
Depuis 2004, les nouvelles majorités des régions ont considérablement renforcé l'offre des TER et ont généralisé le cadencement. Tant que le tunnel de base du Lyon-Turin, entre la France et l’Italie, n'est pas réalisé, les trains de l'Autoroute Ferroviaire Alpine sont limités à moins de 15 wagons doubles (à la différence de la ligne entre Perpignan et le Luxembourg) avec deux locomotives de traction, ce qui nécessite environ 80 trains par jour pour assurer le transport de 300 000 poids-lourds annuellement :
Aucune des lignes d'accès à la Maurienne ne peut accepter un tel surplus de trafic,
que ce soit dans le nœud ferroviaire Chambérien ou Grenoblois, sur la ligne à Bourgoin
ou sur la ligne unique entre Saint André-le-Gaz et Chambéry.
Battons-nous déjà pour que la capacité de l'autoroute ferroviaire soit triplée rapidement en répartissant, à partir de Grenay, les 25 trains quotidiens entre ces différentes lignes pour éviter de pénaliser, sur chacun des axes le trafic des T.E.R et des T.G.V. Une meilleure protection du lac du Bourget serait également ainsi assurée comme l'avait très justement indiquée la FRAPNA SAVOIE en 2012.
Par ailleurs, il est étonnant que vous n'ayez pas convié l'Association de «Défense des Rives du Lac du Bourget» à votre action. Ils auraient pu démontrer aux associations ne connaissant pas Aix-les- Bains, la précarité de cette ligne qui longe le lac sur plus de 10 kilomètres. La qualité de l'eau du plus grand lac naturel de France doit être aussi préservée que l'air de nos vallées.
Nous ne comprenons pas non votre souhait d'amener plusieurs centaines de milliers de poids-lourds dans la gare d'Ambérieu, en pleine ville, alors que, lors de l'enquête publique sur le contournement ferroviaire nord de Lyon, il y avait unanimité pour que celui-ci soit étendu au-delà d'Ambérieu et préserve ainsi cette ville deux fois plus importante que Chamonix.
Dernier point, votre référence à la plainte de Daniel Ibanez «pour mise en danger d’autrui sur ce dossier de la pollution de l’air par les camions sur les axes routiers franco-italiens des Alpes du Nord» : les lobbies, qui permettent toujours aux poids-lourds EURO1, EURO2 et EURO3, plus de 30 fois plus polluants que ceux mis en service l'an dernier, de circuler encore en Savoie, doivent «sourire» encore un an après car cette plainte désigne uniquement la SNCF comme responsable de cet état de fait.
Sur sa seconde plainte, Daniel Ibanez met en cause l'abandon du doublement de la ligne ferroviaire entre Aix-les-Bains et Annecy. Celui-ci n'a jamais été abandonné. Les études ont été réalisées dans le budget 2009-2014 de la région et sa réalisation a été voté dans le budget 2015-2020.
Il est incompréhensible que votre courrier n’exige pas une interdiction immédiate des poids-lourds EURO1 et EURO2 au tunnel du Fréjus comme au tunnel du Mont-Blanc et ne réclame pas la restauration et la généralisation, dans toutes nos vallées, de la surtaxe sur les EURO3 abandonnée il y a un an au tunnel du Mont-Blanc.
Donner une perspective maximum d'accueil de 100 000 ou 300 000 poids-lourds laisse la porte ouverte, lors d'un nouvel accident tragique (comme malheureusement la Voie Rapide Urbaine de Chambéry et les tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus ont pu le connaître ) où suite à une nouvelle augmentation du trafic poids-lourds (à la faveur de la fin de crise qui nous frappe depuis 2007) à une relance de projets comme le doublement du tunnel du Mont-Blanc (500 millions d'euros) ou du Contournement Autoroutier de Chambéry (1 milliard d'euros) abandonnés par l'actuel gouvernement.
Ne doutons pas que les lobbies autoroutiers sauront, à cette occasion, trouver les milliards d'euros nécessaires comme pour la nouvelle ligne électrique de 1,4 milliard d'euros entre la France et l'Italie dont les travaux, destinés à rentabiliser et à pérenniser la production de nos centrales nucléaires Rhônes-Alpines, commencent à coté du village des Molettes dans l'indifférence générale.
Pour toutes ces raisons et fidèles aux valeurs que nous défendons depuis 10 ans,
nous ne nous associerons pas à votre courrier.