Déplacements, Transports, Projet Lyon-Turin : l'Omerta savoyarde
Le 19 mars 2007, l’Etat et tous les élus Rhône-alpins s’engageaient pour «une première phase de réalisation des accès fret et voyageurs au tunnel de base de Maurienne »
Ce projet comportait un tunnel à un tube dédié au fret sous la Chartreuse et un autre tunnel, toujours à un tube, dédié aux voyageurs sous Dullin-l’Epine.
La réalisation de manière concomitante le Lyon-Turin dans une double composante fret-voyageurs était ambitieuse mais pleinement satisfaisante. Elle répondait parfaitement aux besoins des personnes et des entreprises dans l'idée d'un développement durable.
Le 20 janvier 2010, l'État annonçait que, désormais, il privilégiait uniquement le tunnel sous l'Épine en l’adaptant (double tube au lieu d’un simple - modification du profil) à la circulation de trains de fret qui traverseraient ainsi toute l’agglomération chambérienne.
Pourquoi cette remise en cause du projet initial?
Des justifications sont avancées mais elles sont si peu convaincantes qu’elles sont loin de faire l’unanimité. D’ailleurs, elles déchirent le monde politique local, et ceci indépendamment des habituels clivages.
L'Omerta savoyarde
Ce même monde politique était au courant, dès juin 2009, des intentions de l'État, mais il a bien pris le soin de tenir les citoyens à l’écart de ces informations. Il aura fallu attendre janvier 2010 pour que l’un d’entre eux ose en parler publiquement.
Une troisième voie dans Chambéry pour faire passer une centaine de trains supplémentaires par jour ?
Si ce nouveau projet est retenu, il faudra obligatoirement réaliser une troisième voie ferroviaire dans Chambéry : sans cette dernière, le tunnel de base de Lyon-Turin ne se justifiera plus. A quoi servira-t-il de doubler la ligne historique en Maurienne par le tunnel de base du Lyon-Turin si, en amont, le «bouchon ferroviaire» de Chambéry ne peut l'alimenter?
Il ne faut pas douter que cette troisième voie fasse l'objet d'un rejet parfaitement justifié des habitants de l'agglomération.
Dernière alternative : le tout routier avec le contournement de Chambéry et la transformation de la «galerie de sécurité» du Fréjus en un deuxième tube de circulation ?
Il y a d’autres choix que celui de l’Etat !!!
L’ État annonce l’ouverture d’une enquête publique à la fin de l’année.
Le déni de démocratie qui a prévalu pour celle de la « galerie de sécurité » du Fréjus nous a servi de leçon. Nous savons maintenant que, même en cas d’une opposition unanime, le projet sera avalisé.
C’est pourquoi nous refusons de nous voir imposer une enquête publique qui aura pour seul but de transformer l’axe Chambéry-Maurienne en couloir à camions.
Nous demandons donc l’organisation rapide, par les collectivités locales, d’un grand débat sur la problématique des transports en Savoie.
Pourraient être posées les questions suivantes ( la liste n’est pas exhaustive) :
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Quelle priorité doit-on accorder à la ligne historique : TER, marchandises, TGV ….?
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Comment se déplacer entre Montmélian, Les Marches, Chambéry, Aix, Albens, Annecy, … (voiture, TER, Bus) ?
- Faut-il supprimer une voie de circulation sur la VRU pour favoriser un report sur un contournement autoroutier payant ?
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Pour la ligne Lyon-Turin, faut-il donner la priorité à un tunnel sous Dullin l’Epine pour ne gagner que 10 minutes entre Lyon et Chambéry par rapport à un tunnel sous Chartreuse ?
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Faut-il, d’ores et déjà, prévoir le tunnel sous Chartreuse pour sécuriser la réalisation du tunnel de base?
Faut-il attendre le projet de l’Etat et ainsi accepter de n'avoir le choix qu'entre un contournement autoroutier ou une autoroute ferroviaire au cœur de l'agglomération ?
Ce grand débat doit être porté par toutes les collectivités locales : Conseil Régional, Conseil Général, Métropole-Savoie, Chambéry-Métropole, Communauté d’Agglomération du Lac du Bourget, CCI.
Nous souhaitons que cette importante question soit posée lors de la prochaine assemblée de chaque collectivité citée.
Il nous paraît impératif que toutes les associations savoyardes représentatives soient pleinement associées : ACAC, ADTC, FRAPNA, Vivre et Réagir en Maurienne, etc.
Il nous semble essentiel que, d’une part, tous les enjeux soient clairement exposés, et que, d’autre part, une place largement prépondérante soit accordée aux citoyens.
Par ailleurs, il est souhaitable que les autres départements (Haute-Savoie, Isère, Alpes-Maritimes) concernés par les traversées alpines soient consultés.
Comment, sans un tel débat, briser les tabous, éliminer les affabulations, stopper la désinformation et choisir la Savoie que nous laisserons à nos enfants?