Débat sur les accès au Lyon-Turin : pour éviter l’enfer sur Chambéry et Aix les Bains.
Le 5 décembre dernier, nous avons été conviés par France 3 à débattre pendant 1 heure sur les accès au Lyon-Turin avec la Député de l’Isère Marjolaine Meynier-Millefert, le Maire de Chambéry Thierry Repentin, la Député de Maurienne Emilie Bonnivard, le Délégué général de La Transalpine Stéphane Guggino et l’adjoint au Maire de L'Isle d'Abeau Roland Borghi.
Projet dont on attend une décision de l’État avant le 18 janvier pour bénéficier d’une subvention de 50% de l’Europe, lancer les travaux et éviter ainsi une situation catastrophique sur Chambéry et Aix les Bains à la mise en service des accès Italiens et du tunnel de base entre l’Italie et la France prévue en 2032.
En effet, L’Italie a lancé la réalisation de ses accès entre Turin et le tunnel de base dans l’objectif de pouvoir faire passer en 2032, 160 trains de marchandise par jour, dont un service de chargement de poids-lourds à haute fréquence.
Une catastrophe annoncée pour Chambéry et Grenoble
Mais comme nous l’avons rappelé lors du débat, il est impossible de rajouter 100 trains de marchandises par jour sur les lignes historiques sans réduire fortement le trafic TER et TGV, que ce soit en passant par Grenoble ou par Chambéry, d’où l’extrême urgence de lancer la réalisation des voies d’accès pour éviter une situation intenable dans Chambéry et Grenoble.
Un projet indivisible
Lors du débat, nous avons aussi rappelé que les 13 commissaires enquêteurs en 2012 avaient indiqué que « le projet tel que présenté n’est pas divisible » et notre inquiétude de la volonté de l’État de semer la zizanie et de provoquer des discussions sans fin entre les élus en leur demandant de choisir plutôt qu’un phasage, un scénario qui privilégie soit les marchandises soit les voyageurs.
Enliser les projets ferroviaires pour laisser les projets autoroutiers prospérer ?
Le choix d’un scénario plutôt que d’un phasage serait d’autant plus suicidaire, qu’il permettrait à n’importe qui d’attaquer avec succès la déclaration d’Utilité Publique de 2013. Nul doute qu’on verra revenir à ce moment les projets autoroutiers des élargissements de l’A43 dont les tunnels de Dullin-l’Epine, du contournement autoroutier de Chambéry, du doublement du tunnel routier du Mont-Blanc et du grand contournement autoroutier de Lyon comme l’ont demandé cet été l’association opposée au contournement ferroviaire de Lyon.
Urgence d’une voie d’accès à Grand Gabarit pour les marchandises
Lors du débat, on a rappelé qu’une voie marchandise à Grand Gabarit sous Chartreuse et Belledonne était indispensable, non seulement pour soulager Chambéry et Grenoble du rajout de plus d’une centaine de trains de marchandise par jour, mais aussi pour permettre aux transporteurs ferroviaires d’utiliser des wagons standards, condition « sine qua none » pour redonner de la compétitivité aux fret et éviter des subventions massives comme aujourd’hui ou chaque remorque transportée sur l’Autoroute Ferroviaire Alpine bénéficie de 300€ de subvention et de pouvoir mettre en place comme sous le tunnel sous la Manche ou en Suisse des services de chargement des poids-lourds à haute-fréquence.
Pour que les voyageurs aillent plus vite par le train que par l’autoroute
Pour les voyageurs, on a rappelé également la problématique actuelle de la ligne à voie unique limitée à 90 km/heure entre Saint-André le Gaz et Chambéry. On ne comprend pas pourquoi l’État pousse très fortement la LGV entre Toulouse et Bordeaux, pour passer de 160 à 320 km/heure, et que nous en Savoie, on doivent se contenter de rester à 90 m/heure pour desservir Chambéry, Aix les Bains, Annecy et l’Italie. Milan Paris est une ligne aérienne les plus utilisés en Europe.
Pour un phasage avec juste une voie équipée sous Dullin l’Epine
On n’a pas eu le temps de l’évoquer, mais on propose, comme en Suisse pour le tunnel du Lotsberg, de n’équiper dans un premier temps, qu’une des voies dans le projet de tunnel sous Dullin l’Epine pour étaler les investissements. On regrette également de ne pas n‘avoir eu le temps d’évoquer les financements et la mise en œuvre d’une fiscalité environnementale sur les poids-lourds comme dans la majorité des pays européen.
Revenir au siècle dernier ? Non
En réaction de l’interview d’une opposante, on a rappelé que revenir au siècle dernier sur la ligne historique qui traverse Chambéry avec moitié moins de TER et une saturation par le fret n’était pas acceptable.
Un débat respectueux
On remercie tous les intervenants lors de ce débat, on a pu échanger chacun à notre tour dans un total respect. Rien à voir avec les « débats » avec Daniel Ibanez des Amis de la Terre, Alexandra Cusey d’EELV et Jean-François Coulomme de LFI comme fin novembre sur France 3 ou fin mai à Chambéry.
Un service public de qualité
On remercie vivement France 3 pour l’organisation de ce débat et la mise à disposition du replay sans caviardage ni manipulation. Rien à voir avec les vidéos « arrangées » d’Olivier Berardi sans oublier ses commentaires rajoutés insultants, par vraiment Net et Citoyen.